À Monsieur le comte de P***
Doux Avril, tu descends des airs :
Vénus détache sa ceinture;
Les fleurs émaillent la verdure,
Et l'oiseau reprend ses concerts.
Quittez le brouillard de la ville
Et ses embarras indiscrets;
Paisible habitant du Marais,
Courez dans ce vallon fertile
Qu'ont embelli Flore et Cérès,
De la campagne renaissante
Cueillir ses premières faveurs.
Aux champs le printemps vous appelle;
Ah ! profitez de ses beaux jours.
Heureux favori des Amours,
C'est pour vous qu'il se renouvelle :
Pour moi la peine est éternelle,
Et l'hiver durera toujours.
Les Amours, liv. II, élégie VIII