Chanson
Les yeux qui me surent prendre
Sont si doux et rigoureux,
Que mon cœur n’ose entreprendre
De s’en montrer langoureux.
Il se sent mourir pour eux
Et feint d’être sans douleur.
Ô que celui est heureux
Qui peut dire son malheur !
Le temps, qui tout mal apaise,
Rend le mien plus vigoureux,
Et fait que rien ne me plaise
Sinon d’être douloureux.
Mon pleur large et plantureux
Nourrit ma flamme et chaleur :
Ô que celui est heureux
À qui déplaît son malheur !
D’amour je ne me veux plaindre,
Ni du sort aventureux ;
Ni la mort je ne puis craindre,
Car j’ai mal plus dangereux.
Un bien me fait malheureux,
Dont j’ai perdu la valeur :