On ne badine pas avec l'amour (acte 2 scène V)
Adieu Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu'on te fera de ces récits hideux
qui t'on empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont
menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables
et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses
et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus
informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde
une chose sainte et sublime, c'est l'union de ces deux êtres si imparfaits et
si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux
; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour
regarder en arrière, et on se dit : J'ai souffert souvent, je me suis trompé
quelques fois : mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu et non pas un être factice
créé par mon orgueil et mon ennui.