Annabel Lee
Il y a mainte et mainte année, dans un royaume près de la mer, vivait une
jeune fille, que vous pouvez connaître par son nom d'ANNABEL LEE, et cette jeune
fille ne vivait avec aucune autre pensée que d'aimer et d'être aimée de moi.
J'étais un enfant, et elle était un enfant, dans ce royaume près de la mer;
mais nous nous aimions d'un amour qui était plus que de l'amour, moi et mon
ANNABEL LEE; d'un amour que les séraphins ailés des Cieux convoitaient à elle
et à moi. Et ce fut la raison qu'il y a longtemps un vent souffla d'un nuage,
glaçant ma belle ANNABEL LEE; de sorte que ses proches de haute lignée vinrent
et me l'enlevèrent, pour l'enfermer dans un sépulcre, en ce royaume près de
la mer. Les anges, pas à moitié si heureux aux cieux, vinrent, nous enviant,
elle et moi. Oui! ce fut la raison (comme tous les hommes le savent dans ce
royaume près de la mer) pourquoi le vent sortit du nuage la nuit, glaçant et
tuant mon ANNABEL LEE. Car la lune jamais ne rayonne sans m'apporter des songes
de la belle ANNABEL LEE; et les étoiles jamais ne se lèvent que je ne sente
les yeux brillants de la belle ANNABEL LEE ; et ainsi, toute l'heure de nuit,
je repose à côté de ma chérie, de ma chérie, ma vie et mon épouse, dans ce sépulcre
près de la mer, dans sa tombe près de la bruyante mer. Mais, pour notre amour,
il était plus fort de tout un monde que l'amour de ceux plus âgés que nous;
de plusieurs de tout un monde plus sages que nous, et ni les anges là-haut dans
les cieux, ni les démons sous la mer, ne peuvent jamais disjoindre mon âme de
l'âme de la très belle ANNABEL LEE.
" Coll. Bouquins ", Robert Laffont