poèmes
    

Aloysius Bertrand
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
IX- Départ pour le sabbat

Elle se leva la nuit, et
allumant la chandelle prit une boîte et
s'oignit, puis avec quelques paroles
elle fut transportée au sabbat.
JEAN BODIN. - De la
Démonomanie des Sorciers.

Ils étaient là une douzaine qui mangeaient la soupe à la bière, et
chacun d'eux avait pour cuiller l'os de l'avant-bras d'un mort. La cheminée était rouge de braise, les chandelles champignonnaient dans
la fumée, et les assiettes exhalaient une odeur de fosse au printemps.
Et lorsque Maribas riait ou pleurait, on entendait comme geindre un
archet sur les trois cordes d'un violon démantibulé.
Cependant le soudard étala diaboliquement sur la table, à la lueur du
suif, un grimoire où vint s'ébattre une mouche grillée.
Cette mouche bourdonnait encore lorsque, de son ventre énorme et velu,
une araignée escalada les bords du magique volume.
Mais déjà sorciers et sorcières s'étaient envolés par la cheminée à
califourchon, qui sur un balai, qui sur les pincettes, et Maribas sur
la queue de la poêle.
Ici finit le premier
Livre des Fantaisies
De Gaspard
De la
Nuit
Ici commence le deuxième
Livre des Fantaisies
De Gaspard
De la
Nuit

Aloysius Bertrand

Gaspard de la nuit

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