poèmes
    

Aloysius Bertrand
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
La nuit et ses prestiges

La nuit, ma chambre est pleine de diables.
« Oh ! la terre, - murmurai-je à la nuit, est un calice embaumé dont le
pistil et les étamines sont la lune et les étoiles ! » Et, les yeux lourds de sommeil, je fermai la fenêtre qu'incrusta la
croix du calvaire, noire dans la jaune auréole des vitraux.

Encore, - si ce n'était à minuit, - l'heure blasonnée de dragons et de
diables ! - que le gnome qui se soûle de l'huile de ma lampe !
Si ce n'était que la nourrice qui berce avec un chant monotone, dans la
cuirasse de mon père, un petit enfant mort-né !
Si ce n'était que le squelette du lansquenet emprisonné dans la
boiserie, et heurtant du front, du coude et du genou !
Si ce n'était que mon aïeul qui descend en pied de son cadre vermoulu,
et trempe son gantelet dans l'eau bénite du bénitier !
Mais c'est Scarbo qui me mord au cou, et qui, pour cautériser ma
blessure sanglante, y plonge son doigt de fer rougi à la fournaise !

Gaspard de la nuit

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