Las ! je ne verray plus ces soleils gracieux,
Las ! je ne verray plus ces soleils gracieux,
Qui servoient de lumière à mon ame égarée !
Leur divine clairté s'est de moi retirée
Et me laisse esperdu, dolent et soucieux.
C'est en vain désormais, ô grand flambeau des cieux !
Que tu sors au matin de la plaine azurée,
Ma nuict dure tousjours, et la tresse dorée,
Qui sert de jour au monde est obscure à mes yeux.
Mes yeux, helas ! mes yeux, sources de mon dommage,
Vous n'aurez plus de guide en l'amoureux voyage,
Perdant l'astre luisant qui souloit m'esclairer.
Mais, si je ne vois plus sa clairté coustumiere,
Je ne veux pas pourtant en chemin demeurer :
Car du feu de mon cœur je ferai ma lumiere.
(Livre de Diane, II)