poèmes
    

José Maria de Heredia
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
La Magicienne
En tous lieux, même au pied des autels que j'embrasse,

Je la vois qui m'appelle et m'ouvre ses bras blancs.

O père vénérable, ô mère dont les flancs

M'ont porté, suis-je né d'une exécrable race ?



L'Eumolpide vengeur n'a point dans Samothrace

Secoué vers le seuil les longs manteaux sanglants,

Et, malgré moi, je fuis, le coeur las, les pieds lents ;

J'entends les chiens sacrés qui hurlent sur ma trace.



Partout je sens, j'aspire, à moi-même odieux,

Les noirs enchantements et les sinistres charmes

Dont m'enveloppe encor la colère des Dieux ;



Car les grands Dieux ont fait d'irrésistibles armes

De sa bouche enivrante et de ses sombres yeux,

Pour armer contre moi ses baisers et ses larmes.



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