poèmes
    

José Maria de Heredia
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
La Jeune Morte
Qui que tu sois, Vivant, passe vite parmi

L'herbe du tertre où gît ma cendre inconsolée ;

Ne foule point les fleurs de l'humble mausolée

D'où j'écoute ramper le lierre et la fourmi.



Tu t'arrêtes ? Un chant de colombe a gémi.

Non ! qu'elle ne soit pas sur ma tombe immolée !

Si tu veux m'être cher, donne-lui la volée.

La vie est si douce, ah ! laisse-la vivre, ami.



Le sais-tu ? sous le myrte enguirlandant la porte,

Epouse et vierge, au seuil nuptial, je suis morte,

Si proche et déjà loin de celui que j'aimais.



Mes yeux se sont fermés à la lumière heureuse,

Et maintenant j'habite, hélas ! et pour jamais,

L'inexorable Erèbe et la Nuit Ténébreuse.



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