poèmes
    

José Maria de Heredia
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
Nessus
Du temps que je vivais à mes frères pareil

Et comme eux ignorant d'un sort meilleur ou pire,

Les monts Thessaliens étaient mon vague empire

Et leurs torrents glacés lavaient mon poil vermeil.



Tel j'ai grandi, beau libre, heureux, sous le soleil ;

Seule, éparse dans l'air que ma narine aspire,

La chaleureuse odeur des cavales d'Épire

Inquiétait parfois ma course ou mon sommeil.



Mais depuis que j'ai vu l'Épouse triomphale

Sourire entre les bras de l'Archer de Stymphale,

Le désir me harcèle et hérisse mes crins ;



Car un Dieu, maudit soit le nom dont il se nomme !

A mêlé dans le sang enfiévré de mes reins

Au rut de l'étalon l'amour qui dompte l'homme.



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