poèmes
    

François Villon
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
VERSET (ou rondeau)

Repos eternel, donne à cil,
Sire, et clarté perpetuelle,
Qui vaillant plat ni escuelle
N'eut oncques, n'ung brain de percil.
Il fut rez, chief, barbe et sourcil,
Comme ung navet qu'on ret ou pelle.
    Repos eternel donne à cil.

Rigueur le transmit en exil,
Et luy frappa au cul la pelle,
Non obstant qu'il dit: "J'en appelle!"
Qui n'est pas terme trop subtil.
    Repos eternel donne à cil.


CLXXIX

Item, je vueil qu'on sonne a bransle
Le gros beffroy, qui est de voirre,
Combien qu'il n'est cueur qui ne tremble
Quant de sonner est a son erre.
Sauvé a mainte belle terre,
Le temps passé, chascun le scet :
Fussent gens d'armes ou tonnoirre,
Au son de luy, tout mal cessoit.

CLXXX

Les sonneurs auront quatre miches,
Et se c'est peu, demye douzaine
- Autant n'en donnent les plus riches -
Mais ilz seront de saint Estienne.
Volant est homme de grant peine :
L'un en sera ; quant g'y regarde,
Il en vivra une sepmaine.
Et l'autre ? Auffort, Jehan de la Garde.

CLXXXI

Pour tout ce fournir et parfaire,
J'ordonne mes executeurs
Ausquelz fait bon avoir affaire
Et contentent bien leurs debteurs.
Ilz ne sont pas moult grans vanteurs
Et ont bien de quoy, Dieu mercys !
De ce fait seront directeurs.
Escryptz : je t'en nommeray six.

CLXXXII

C'est maistre Mertin Bellefoye,
Lieutenant du cas criminel.
Qui sera l'autre ? G'y pensoye :
Ce sera sire Colombel ;
S'il lui plaist et il lui est bel,
Il entreprendra ceste charge.
Et l'autre ? Michel Juvenel.
Ces trois seulz et pour tout j'en charge.

CLXXXIII

Mais, ou cas qu'ilz s'en excusassent
En redoubtant les premiers fraiz,
Ou totallement reffusassent,
Ceulx qui s'enssuivent cy aprés
Insitue, gens de biens tres :
Phelippe Bruneau, noble escuier ;
Et l'autre ? Son voisin d'emprés,
Sy est maistre Jaques Raiguier.

CLXXXIVI

Et l'autre ? Maistre Jacques James :
Troys hommes de biens et d'onneur,
Desirans de sauver leurs ames
Et doubtants Dieu nostre seigneur.
Plus tost y mecteront du leur
Que ceste ordonnance ne baillent ;
Point n'auront de contreroleur,
Mais a leur seul plaisir en taillent.

CLXXXV

Des testamens qu'on dit le Maistre
De mon fait n'orra quy ne quot,
Mais ce fera ung jeune prestre
Qui est nommé Thomas Tricqot.
Voulentiers busse a son escot,
Et qu'il me coutast ma cornecte ;
S'il sceust jouer en ung tryppot,
Il eust de moy le Trou Perrecte.

CLXXXVI

Quant au regard du luminaire,
Guillaume du Ru j'y commectz ;
Pour porter les coings du suaire,
Aux executeurs le remectz.
Trop plus me font mal c'onques maiz
Barbe, cheveux, penil, sourcys ;
Mal me presse, temps desormaiz
Que crye a toutes gens mercys.

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