poèmes
    

François Villon
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
Louenge à la court

Tous mes cinq sens, yeulx, oreilles et bouche,
Le nez et vous, le sensitif, aussi,
Tous mes membres, ou il y a reprouche,
En son endroit ung chacun die ainsi :
«Souvraine Court par qui sommes icy,
Vous nous avez gardé de desconfire ;
Or la langue seule ne peut suffire
A vous rendre suffisantes louenges,
Si parlons tous, fille du souvrain Sire,
Mere des bons et seur des benoitz anges.»

Cueur, fendés vous ou percez d'une broche
Et ne soiez au moins, plus endurcy
Qu'au desert fut la forte bise roche
Dont le peuple des Juifz fut adulcy ;
Fondez lermes et venez a mercy
Com humble cueur qui tendrement souspire ;
Louez la Court conjointe au saint empire,
L'heur des François, le confort des estranges,
Procree lassus au ciel empire,
Mere des bons et seur des benoistz anges.

Et vous, mes dens, chacune si s'escloche,
Saillez avant, rendez toutes mercy
Plus haultement qu'orgue, trompe, ne cloche,
Et de mascher n'ayés ores soussi ;
Considerez que je feusse transi,
Foye, polmon et rate, qui respire ;
Et vous, mon corps, ou vil estes et pire
Qu'ours, ne pourcel qui fait son nic es fanges,
Louez la Court, devant qu'il vous empire,
Mere des bons et seur des benoistz anges.

Prince, trois jours ne vueillez m'escondire
Pour moy pourvoir et aux miens adieu dire ;
Sans eulx argent je n'ay, icy n'aulx changes.
Court triumphant, fiat, sans me desdire,
Mere des bons et seur des benoistz anges.

envoyez vos commentaires pas encore de commentaire
version à imprimer dans une nouvelle fenêtre





   ·   contact   ·  livre d'or · les arbres · European trees · voyages  · 1500chansons · Fables de Jean de La Fontaine · Les passions (récits)
Cette page a mis 0.06 s. à s'exécuter - Conception© 2006 - www.lespassions.fr